Nouvelle alerte sur la montée en puissance du phénomène de retrait gonflement des argiles (RGA) qui fissure les maisons ! Une étude, intitulée « Maisons fissurées. 20 millions de Français exposés, beaucoup plus à l’avenir », analyse son évolution géographique. Réalisée par l’association Conséquences, spécialisée dans la sensibilisation aux effets du changement climatique, avec la start-up Callendar, qui analyse les risques climatiques à l’échelle locale, elle alerte sur l'accroissement exponentiel prévisible de la situation, en l'absence de mesures de prévention adéquates.
Sept régions fortement impactées
« Le résultat des données de reconnaissance de catastrophe naturelle montre une extension géographique du phénomène sur l’ensemble du territoire avec un glissement vers l’est, indique Samy Kraiem, climatologue pour Callendar. Sur les 34 ans de présence des maisons fissurées ou risque RGA dans le régime catastrophe naturelle, nous sommes passés de quatre à sept régions fortement impactées. De nombreux départements font face à une explosion des sinistres ».
Ainsi, 46 694 sinistres ont été reconnus comme catastrophes naturelles liées au RGA depuis 1989, en hausse de 145 % en moyenne entre 1989-2005 et 2006-2024. Autrefois cantonné à quatre régions, notamment au sud de la France, touché depuis longtemps par la sécheresse (Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, mais aussi Centre-Val de Loire et Ile-de-France), le phénomène s’est étendu depuis les années 2000 à trois nouvelles régions (Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes). Les départements où la hausse est la plus forte sont la Haute-Marne (+ 1132 %) et le Gard (+ 1032 %).
La population exposée dans le Centre-Val-de-loire
Callendar a calculé les proportions de population exposées par région à l’aléa sécheresse et RGA, à partir des études régionales réalisées par la Caisse centrale de réassurance (CCR) en 2024 avec des données du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), de l’INSEE et de l’IGN. La population est désormais la plus exposée dans le Centre-Val-de-Loire (67 % de la population exposée), l’Occitanie (49 % des habitants), la Nouvelle Aquitaine (46,8 %), la Bourgogne-Franche-Comté (44 %) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (39 %). La Bretagne (3 %) et la Normandie (17 %) sont les plus épargnées, mais ce sont aussi les régions où le taux de sinistralité devrait augmenter le plus d’ici 2050, confirmant l’extension du phénomène à l’ensemble du territoire
« Les projections des années et décennies à venir vont dans le sens d’un accroissement exponentiel de la situation, en fonction de la trajectoire climatique, et en l’absence de mesures de prévention adéquate », prévient l’étude. Les sécheresses plus rapprochées et plus intenses attendues par les simulations de Météo France vont mettre en péril le parc immobilier et son assurabilité. En 2050, avec un scénario de hausse des températures de 2,7° C, 16,2 millions de maisons seront exposées et 20 millions de Français concernés.
Pour contrer le phénomène de RGA et ses conséquences désastreuses, l’étude préconise le recours à des solutions dites horizontales qui privilégient la prévention sur la réparation. « L’idée est de neutraliser tous les facteurs qui provoquent ou aggravent la variation de teneur en eau du sol soutenant la maison, assure Conséquences. Il s’agit de jouer sur le facteur dit « environnemental ».